Chroniques
La grande majorité d’entre nous a découvert l’existence de Jean Clémentin le jour de sa mort, le 05 janvier 2023. C’est pourtant un personnage fascinant dont la vie est digne d’un roman. Né en 1924, il fut officiellement journaliste au Canard enchaîné de la fin des années 1950 jusqu’à 1989. Longtemps, le service information du journal fut même organisé sous sa direction. Mais le plus extraordinaire, c’est qu’on découvrit, en février 2022 seulement, que Jean Clémentin aurait aussi été espion pour les services secrets tchécoslovaques de 1957 à 1969, pendant la Guerre froide et durant son plein exercice au sein du Canard !
Alors, comme on n’a pas tous les jours l’occasion d’établir la généalogie d’un personnage aussi passionnant, je me suis attelé à rechercher les ancêtres de Jean Clémentin. Et j’ai découvert une famille très animée sur le plan généalogique...
Lire la suite : Jean Clémentin, entre renseignement et journalisme
Vous êtes-vous dit un jour que certains biens de vos ancêtres pouvaient provenir de personnes totalement étrangères à votre famille ? J’avoue que, personnellement, je n’y avais jamais pensé. Jusqu’à hier où j’ai trouvé dans les registres de mutations par décès cet « héritage » que reçut Jacques Aussavy, aubergiste à Saint-Sylvain-bas-le-Roc en juin 1872.
Un certain Marien Thomas, journalier, célibataire âgé de 44 ans, totalement étranger à sa famille, lui lègue tous ses biens suivant un testament fait devant notaire le 11 avril 1871. Pourquoi un homme jeune (43 ans en 1871) avait-il déjà fait son testament ? Était-il malade ? Pourquoi avait-il choisi l’aubergiste du lieu comme légataire ? Habitait-il chez lui ? Lui était-il redevable de quelque chose ? Quelle relation particulière les unissait ?
En 1696, Louis Debourges notaire à Boussac, dans la Creuse, intègre une feuille volante à sa liasse annuelle des actes qu’il a rédigés.
On ne saura sans doute jamais qui y a écrit des lignes. Sans doute plusieurs personnes d’ailleurs, pas une seule, car plusieurs écritures cohabitent. Leur point commun : une orthographe aussi approximative que la grammaire !
Les registres paroissiaux d’Échilleuses, dans le Loiret, sont riches d’anecdotes sur la vie quotidienne. Je vous ai raconté, il y a peu, comment le curé était pointilleux sur le paiement de ce qui lui était dû, même auprès d’une famille décimée.
Aujourd’hui c’est l’histoire d’un incendie qui a retenu mon attention. Dans la sécheresse de l’été 1738, le feu détruisit plusieurs bâtiments et de nombreux autres biens dans la paroisse. Mais il aurait pu causer en plus la mort de Madeleine Petit qui avait été enfermée dans sa cave par son voisin Sébastien Broussard...
Le 3 juin 1727, se présentent devant François Touvenot, notaire à Paris, huit religieuses.
Elles viennent officialiser l’entrée dans leur communauté de Marie Anne Baillard qui, ayant désiré se retirer du monde, a prié sa mère « de trouver bon qu’elle entrât dans ledit monastère pour y passer le reste de ses jours et travailler à son salut ».
Mais à l’époque, il fallait avoir les moyens de sa foi...
À Échilleuses, dans l’actuel département du Loiret, toute une famille est décimée en quelques semaines, cette année 1676 : le père meurt le 25 janvier, sa bru le 28 mars et son fils le 21 avril. Le curé enchaîne les enterrements et s’inquiète de savoir qui va en régler les frais. Il rédige donc une petite note dans son registre paroissial, devenu pour l’occasion livre de compte. On retiendra au final qu’il fait cadeau, après ses calculs, de 2 sols aux héritiers…
Il arrive, souvent, qu’au fil des recherches nous pestions après l’officier d’état civil ou le curé parce les actes sont trop sommaires et ne permettent pas de progresser aisément dans nos recherches.
Il arrive, parfois, qu’au fil de nos recherches des actes se révèlent providentiels et nous livrent en quelques lignes une masse d’informations généalogiques précieuses.
Un menu brodé, datant de 1895, est retrouvé sur un site de vente d'objets de collection. Grâce à quelques rares indices figurant sur celui-ci et une méthode de recherche innovante, j'ai mené une enquête inédite pour identifier les personnes qui ont dégusté ce repas il y a près de 130 ans...
C'est l'histoire d'une femme qui est morte deux fois, avec 9 ans d'écart entre les deux dates et 1 000 kilomètres de distance à vol d'oiseau entre les deux lieux.
Au début j'ai pensé à une homonymie comme il en existe tant dans nos généalogies.
Nombreux sont les généalogistes qui voudraient retrouver la tombe de leurs ancêtres. Certains appellent les mairies pour savoir si elles disposent d'un plan du cimetière, d'autres feuillettent les registres d'inhumation des cimetières mais trop peu consultent les registres de « transports de corps ».
Ils existent dans de nombreuses villes où ils ont été mis en place pour suivre et contrôler le déplacement des corps des défunts. Chronologiques, ils indiquent où le corps est levé et où il est amené. Le lieu de départ peut être un domicile, un hôpital, la morgue... et le lieu d'arrivée est un cimetière proche ou lointain du lieu de décès.
Aujourd'hui, quand nous allons chez le notaire, c'est pour acheter ou vendre un bien immobilier, rédiger un contrat de mariage ou préparer une donation pour nos enfants, par exemple... Cela ne nous arrive donc pas très souvent dans notre vie.
Nos ancêtres, en revanche, passaient devant le notaire plusieurs fois par an. En effet, dans une société ou la plupart des gens étaient illettrés, dès qu'il était nécessaire d'établir un contrat spécifique, il fallait le faire devant un officier qui en garderait la trace.
C'est pourquoi les généalogistes doivent exploiter en profondeur les archives notariales. Bien au-delà des contrats de mariage, des inventaires après décès ou des testaments, Il y a des quantités d'actes qui nous racontent la vie de nos ancêtres que ce soit des baux, des contrats d'apprentissage ou même des devis pour travaux.
Quand tu demandes ton émancipation et que toute ta famille défile pour dire qu'ils sont d'accord, ça fait un sacré document généalogique pour tes descendants ?
Le 3 mars 1690, Louis Philippe Collins, 24 ans, demande son émancipation [MC/ET/XXXV/354].
Nous sommes en 1824. Jean et Anne ont 65 ans. Ils ont eu 5 enfants dont 4 sont toujours en vie. Les deux aînés et la cadette sont mariés et Marie, la troisième enfant, est domestique dans une maison bourgeoise, mère célibataire d'une petite fille.
Lire la suite : Les comptes d'apothicaire d'une fille envers ses parents
Lorsqu'il rédige un testament, le notaire indique en préambule que le testateur ou la testatrice est en pleine possession de ses moyens intellectuels même si son état physique général n'est pas brillant.
Cela se traduit souvent par une formule indiquant qu'il a trouvé la personne "au lit malade mais saine d'esprit".
Certains avaient sans doute néanmoins quelques faiblesses, comme ici où le testateur ne se rappelle plus l'identité exacte de sa légataire...
Lire la suite : Léguer, c'est bien, savoir à qui, c'est mieux !
Marie Éléonore Gerouilhe est née le 4 Nivôse an VIII, c'est-à-dire le 25 décembre 1799. Jeune fille indépendante, à 21 ans à peine, elle s'est déjà enfuie de chez ses parents, des bourgeois d'un petit chef-lieu de canton rural, et vit toute seule dans une commune proche. C'est là qu'elle rencontre Philippe Boyron, un officier de santé de 17 ans son aîné et c'est le coup de foudre entre eux. Mais Alexis Gerouilhe, le père de Marie Éléonore, n'est pas du tout d'accord pour qu'elle épouse cet homme qui a pourtant conquis son cœur.
Voici une petite histoire découverte dans les archives notariales.
On parle souvent de "mariages arrangés" pour nos ancêtres, il semble que ce ne soit pas toujours le cas. Ici, Anne Tabouret a eu la chance de tomber sur un beau-père généreux... Mais peut-être, finalement, était-ce lui qui voulait absolument marier son fils !
Un enfant mort-né, enterré le jeudi et déterré cinq jours plus tard, le mardi suivant, par ses parents, puis veillé par un ermite et des « femmes dévotes », qui finit par ouvrir un œil et devenir rouge vermeil pour demander le baptême, voilà une curieuse histoire de 1672... mais surtout une vraie leçon d'histoire !
Le 6 octobre 1910, le jeune Brière, élève de l'école nationale de la céramique de Sèvres, envoyait ce mot d'excuse à son directeur : « J'ai l'habitude de prendre pour venir à l'école un train qui part à 7h15 de la Gare Saint-Lazare. Ce train éprouva ce matin un retard de 35 minutes en gare de Sèvres-Ville d'Avray. Ayant demandé un certificat de retard au principal employé de cette gare à défaut du chef, celui-ci me le refusa en disant qu'il pouvait en donner par complaisance mais qu'il n'y était nullement obligé, pas plus que son chef. »
Depuis combien de temps est-il là ? Cinquante ans ? Un siècle ? Plus ?
Si l'on en croit l'usure de la pierre et la mousse qui la recouvre, sa sépulture ne date pas d'hier.
Et cette dernière demeure n'est pas ordinaire. À plus d'un titre elle attire l'attention.
Il a été accordé à la plupart de nos ancêtres à l'issue de leur service militaire comme on peut le lire sur les fiches matricules. Néanmoins, peu d'entre nous ont eu l'occasion de voir à quoi il ressemble : c'est le Certificat de bonne conduite.
À cette époque-là, il n'y avait pas de SMS, de smartphone ni même de téléphone.
Mais on pouvait envoyer une carte postale en fin d'après-midi dans Paris intra-muros pour inviter quelqu'un à déjeuner... le lendemain midi !
Car il y avait trois distributions de courrier par jour...
"Martin filz illégitime de
plusieurs pères puisque tout le
monde y estoit bienvenu et de
Marie Sence sa mère lequel
est né de ses impurs embrassemens...
« Cette fille a été porteuse de paniers, s'est mise en chambre garnie, puis ensuite est entrée en maison de tolérance ; a été entretenue à Brest. Sa mère est morte. La misère la fit se prostituer à l'âge de 16 ans. »
« Exerçait la profession de lingère lorsqu'elle se livra à la prostitution à l'âge de 17 ans. Elle a eu trois enfants qui sont morts. Arrêtée le 15 décembre à 10h30 du soir en état complet d'ivresse. Partie pour Lorient le 6 juillet 1872. Réintégrée le 18 juin 1878. Partie pour Paris le 23 août 1878. »
« A été blanchisseuse, puis est entrée dans une maison de tolérance à Quimper ; elle a été détenue pendant 9 mois, en prévention, comme soupçonnée d'assassinat. Ses parents sont morts. S'est prostituée volontairement à 20 ans. »
Le 7 novembre 1896 est un grand jour pour Marie Armand Joseph : ses parents se marient. Lui qui est né 22 ans plus tôt sous le patronyme de « Tavi » est légitimé par cette union et prend le nom de son père : « Cornette de Saint-Cyr Monlaur ».
En effet, ce jour-là, à Saint-Pierre (Martinique), Louis Marie Auguste Cornette de Saint-Cyr Monlaur, un riche propriétaire âgé de 50 ans, épouse Adélie Charlotte Tavi, également propriétaire, âgée de 49 ans. Et dans ce mariage tardif, sorte de « régularisation », ils officialisent leur vie commune et l'existence de 4 enfants nés de leurs amours, dont Marie Armand Joseph.
C'est sa longueur inhabituelle qui a attiré mon attention sur cet acte dans les registres du 15e arrondissement de Paris en 1953. Rien d'autre. Il s'agit d'une retranscription d'un décès survenu à Athènes. Je ne connais pas cette personne. C'est uniquement parce qu'il s'agit d'une retranscription et d'une traduction que l'acte est plus long que les autres. Mais pourtant il comporte une singulière particularité qu'aucun autre acte ne présente : la personne décédée, une femme prénommée Marie, ne porte aucun patronyme propre.
Le 5 mai 1731, il y a exactement 288 ans aujourd'hui, Louis Adrien du Perron de Castéra, écuyer originaire du Pas-de-Calais où il est né le 1er février 1704, épouse Marie Hyppolite Babue à Paris.
À l'occasion de cet évènement, bien qu'il soit majeur de 27 ans, sa mère rédige un consentement très touchant... (à lire en phonétique)
Le 16 février 1756 à Savigny-en-Véron, en Indre-et-Loire, le curé se prépare à la célébration du mariage de Pierre Caré, veuf de Jeanne Mureau, avec Louise Mureau veuve de Pierre Mureau.
Et devant cette profusion de « Mureau », préférant éviter toute contestation ultérieure, il ajoute un inhabituel paragraphe à l'acte de mariage valant « certificat de non-parenté »...
Il a fallu attendre 152 ans pour connaître l'identité de la femme représentée par Gustave Courbet dans son tableau « L'Origine du monde » ! Ce tableau, peint en 1866, qui ne cesse de déranger la censure depuis un siècle et demi, restait pour l'état civil un nu inconnu.
Depuis la chanson d'Annie Cordy, on sait que la bonne du curé voudrait bien mais ne peut point... La fille du curé, elle en revanche, voulait se marier et elle put le faire avec son père comme témoin !
Le défi collaboratif "1 Jour - Poilu" consiste à indexer les fiches des Morts pour la France de la Première guerre mondiale disponibles sur le site Mémoire des Hommes.
L'objectif est d'avoir terminé au 11 novembre 2018, pour le centenaire de l'armistice.
Si chacun relève ne serait-ce que quelques fiches, le projet arrivera à son terme, voire même sera terminé avant la date fixée !
J'ai donc décidé d'apporter ma pierre à l'édifice et je suis heureux de mes premières indexations qui permettent de revivre ces moments dramatiques.
J'ai retrouvé deux nouvelles pièces qui viennent alimenter utilement le dossier de Jean François Marie Longueville, ce jeune homme de 23 ans qui se déclare enfant trouvé à son mariage en 1832 alors qu'il vivait avec ses parents seulement 3 ans auparavant et qu'il participe au règlement de leur succession en 1845...
Lire la suite : Le faux enfant trouvé - Nouvelles pièces au dossier
Le cas est suffisamment rare pour être signalé : un homme se déclare né de parents inconnus à son mariage alors que ceux-ci sont bien vivants, que son acte de naissance précise sa filiation et qu'il sera présent pour régler leur succession...
C'est à Rieussec, petit village de l'Hérault, que j'ai rencontré mon premier « décrotteur » dans les registres d'état civil. Lorsqu'il est mort en 1839, à l'âge de vingt ans, on ne connaissait même pas son nom. Il était enfant naturel, originaire de Bédarieux. Il s'est endormi pour toujours dans le grenier à foin de François Fraisse, qui était aubergiste au hameau de Sainte-Colombe.
Ce 1er janvier 1768, Michel Le Prince et Françoise Moreau baptisent leur fille à Meurcé (72). Même si la marraine s'appelle Anne Lierre, ce n'est pas elle qui donne son prénom à l'enfant. On préfère "Circoncision" en rapport à la célébration catholique du jour du baptême...