« Cette fille a été porteuse de paniers, s'est mise en chambre garnie, puis ensuite est entrée en maison de tolérance ; a été entretenue à Brest. Sa mère est morte. La misère la fit se prostituer à l'âge de 16 ans. »
« Exerçait la profession de lingère lorsqu'elle se livra à la prostitution à l'âge de 17 ans. Elle a eu trois enfants qui sont morts. Arrêtée le 15 décembre à 10h30 du soir en état complet d'ivresse. Partie pour Lorient le 6 juillet 1872. Réintégrée le 18 juin 1878. Partie pour Paris le 23 août 1878. »
« A été blanchisseuse, puis est entrée dans une maison de tolérance à Quimper ; elle a été détenue pendant 9 mois, en prévention, comme soupçonnée d'assassinat. Ses parents sont morts. S'est prostituée volontairement à 20 ans. »
Ces notices sont extraites d'un document tout à fait exceptionnel, mis en ligne par les Archives municipales de Brest : le registre des prostituées de la ville. Il était établi au dispensaire de la ville où celles-ci étaient amenées pour contrôler leur état de santé quand elles étaient arrêtées. Les jeunes femmes pouvaient également se présenter volontairement dans ce centre médical dédié aux maladies vénériennes.
Ouvert au 1er janvier 1858, ce registre comprend près de 400 pages au total, à raison de 4 individus par page... Une note du 11 mars 1858 semble vouloir stopper l'inventaire : « Les signalements écrits des filles publiques étant de toute inutilité, Monsieur le commissaire du dispensaire est prié de ne pas donner suite à ce travail qui lui prend un temps précieux en pure perte et produit un mauvais résultat ». Néanmoins l'inventaire se poursuivra jusqu'aux années 1880 et même sur un second registre de la police de la prostitution qui n'est pas en ligne à ce jour. Pour chacune des prostituées ou supposées comme telles, sont indiqués les nom et prénoms, date et lieu de naissance, filiation, description physique, anciennes professions, etc.