Le 7 novembre 1896 est un grand jour pour Marie Armand Joseph : ses parents se marient. Lui qui est né 22 ans plus tôt sous le patronyme de « Tavi » est légitimé par cette union et prend le nom de son père : « Cornette de Saint-Cyr Monlaur ».

En effet, ce jour-là, à Saint-Pierre (Martinique), Louis Marie Auguste Cornette de Saint-Cyr Monlaur, un riche propriétaire âgé de 50 ans, épouse Adélie Charlotte Tavi, également propriétaire, âgée de 49 ans. Et dans ce mariage tardif, sorte de « régularisation », ils officialisent leur vie commune et l'existence de 4 enfants nés de leurs amours, dont Marie Armand Joseph.

Le ruissellement naturel

Oui mais voilà, à ce moment-là, le jeune homme a déjà donné naissance à une petite fille, Marcelle Henriette Alice, née le 7 décembre 1894 dans le XIVe arrondissement de Paris, qu'il reconnut 15 mois plus tard. Du coup, par ricochet, le 30 juin 1906, celle-ci fait l'objet d'un jugement du tribunal transcrit sous forme d'acte enregistré dans l'état civil du même arrondissement parisien. Ce document précise que la mineure « doit être désormais dite fille naturelle reconnue de Marie Armand Joseph Cornette de Saint-Cyr Monlaur ».

« Fille naturelle » car elle aussi est née hors mariage, issue d'une couturière nommée Ernestine Thomas qui n'épousa jamais le père de l'enfant, mort prématurément à l'âge de 28 ans le 8 mai 1902 dans l'éruption de la Montagne Pelée.

Trop tôt ou trop tard pour officialiser

Le plus curieux dans cette abracadabrantesque histoire d'illégitimités successives, c'est qu'elle trouve son origine dans une forme de tradition familiale. En effet, en étudiant la naissance du grand-père, le fameux Louis Marie Auguste qui se maria tardivement, on remarque qu'il était né le 13 juillet 1846 au Carbet (Martinique), fils de Marie Françoise Victoire Laure Cornette de Saint-Cyr Monlaur... veuve Ferray-Desfontaines. Et de constater qu'elle n'eut aucun enfant avec son mari, mort en 1842, mais se rattrapa par la suite en donnant le jour à 5 petits Cornette de Saint-Cyr Monlaur dont les papas restent inconnus !

Heureux hasard de la transmission des patronymes, cet « effet dominos » se reproduit souvent dans différents types de familles et montre que lien avec le nom ne revêt pas l'importance qu'on lui donne parfois trop fortement...