La plupart des abréviations utilisées par les scribes d'autrefois, qu'il s'agisse de contractions, d'apocopes, d'aphérèses ou même de notes tironiennes, sont relativement uniformes sur l'ensemble du territoire national.
Une seule échappe à cette universalité : le « K barré » qu'on trouve principalement en Bretagne. Comme son nom l'indique, ce signe abréviatif se forme sur la base de la lettre K dont la diagonale inférieure est barrée. Il remplace le préfixe « ker », très présent dans cette zone géographique.
On trouve néanmoins le « K barré » dans des actes ailleurs que dans l'ouest de la France, comme ici dans les provisions d'office de 1785 qui relèvent des instances nationales. Il s'agit de la nomination de Charles Julien Furie à l'office de notaire de Kernével en la sénéchaussée de Concarneau, aujourd'hui dans le Finistère.
Comme on peut le voir, que ce soit dans la mention marginale ou dans le texte, Kernével est écrit avec le « K barré » en guise d'initiale.
Une abréviation spécifique, une « ligature », qui était déjà utilisée dans les textes médiévaux pour remplacer « kalendas », les calendriers, et même « karta », c'est-à-dire une charte. Ce signe est resté en vigueur quasiment jusqu'à nos jours puisqu'il a fallu une interdiction en 1955, dans l'instruction générale relative à l'état civil, pour qu'il soit considéré comme une « altération manifeste de l'orthographe ».
Alors, vous qui faites des recherches généalogiques en Bretagne, n'oubliez pas ce « K barré » que vous allez rencontrer à tous les coins de rue, dans les noms de lieux comme de personnes, pour remplacer le préfixe « ker » !
[Document issu du carton V/1/522 aux Archives nationales]