Challenge A-Z 2018

A comme Anson, le lanceur d'alerte
Anson, ancien directeur de la comptabilité des fourrages de l'administration des subsistances militaires.
« [Le 19 juin 1792], un homme, au-dessus du commun, auquel j'avois rendu service lorsque j'étais à la feuille des bénéfices, vint me voir à 6 heures du soir chez Monsieur d'Affry et me prévint que le lendemain une députation du faubourg Saint-Antoine devoit aller au château pour poser le bonet de la liberté sur la tête du Roi et que les plus chauds patriotes seroient députés.
J'en frémis parce que les connoissances de cet homme dans ce faubourg ne me laissoient aucun doute sur l'exécution de cet horrible projet. Je le congédiai sous prétexte d'affaires pressées avec Monsieur d'Affry qui devoit sortir à 7 heures, à son habitude, en lui déguisant mes intentions.
J'en fis part à ce dernier aussitôt qui l'ignoroit et lorsqu'il fut monté en voiture, j'allai de mon propre mouvement du côté des Tuileries dans l'espérance d'y joindre Monsieur le major Bachman ou Monsieur de Maillardoz qui venoit d'être nommé lieutenant colonel du régiment des gardes, en remplacement de Monsieur le baron de Bezenval décédé. Je tremblois de ne trouver ni l'un ni l'autre ; mais, à mon grand étonnement et comme par miracle, lorsque je fus arrivé au milieu du pont royal, j'apperçus Monsieur le baron de Bachman seul qui montoit sur les trottoirs du pont ; je me crus inspiré et en l'abordant je lui témoignai le désir de lui communiquer quelque chose. Les passans s'arrêtant autour de nous en regardant la rivière, nous entrâmes dans le jardin des Tuileries et allâmes derrière les ifs de la terrasse du quai où je lui fis part de cet objet. Il m'en témoigna toute sa reconnaissance avec chaleur et effusion de coeur, car il l'ignoroit aussi, ainsi que la Cour. »
Décoration refusée.

B comme Beurlier d'Azis, le rempart
Thomas Claude Beurlier, dit « le comte d'Azis », sous-gouverneur des pages de la chambre de Monsieur, frère du Roi.
« En juillet 1790, Monsieur ayant supprimé ses pages de la chambre, Monsieur le marquis de Noailles écrivit au Sieur d'Azis que Monsieur, en récompense de ses services, avoit daigné lui accorder une pension de 600 Fr., avec le remboursement de la finance deux 12 000 Fr. et la promesse de la 1re place vacante à sa convenance ; mais les malheureuses circonstances politiques qui sont survenues ont privé le sieur d'Azis de l'effet des bontés du prince : jusqu'en l'année 1818, il n'a pas touché la pension de 600 Fr., et il a reçu un assignat en remboursement des 12 000 Fr. presque nul.
Étant capitaine dans la garde nationale de Paris, il s'est montré, au péril de sa liberté et de sa vie, l'ennemi des anarchistes et des terroristes : à l'époque du 9 thermidor (27 juillet 1794), le tyran Robespierre et ses complices s'étoient réfugiés à l'hôtel de ville. Le Sieur D'Azis assemble aussitôt sa compagnie, la conduit sur la place de l'hôtel de ville où étoient des canons dirigés contre le peuple ; malgré les canonniers, il les fait tourner vers le refuge des révoltés, monte le premier à l'hôtel de ville, suivi de sa compagnie, et par l'arrestation des conjurés, il arrête l'effusion de sang qu'ils faisoient verser depuis longtemps. Il sauve ainsi Paris d'une guerre civile qui auroit éclaté une heure plus tard. Dans sa mêlée une balle de pistolet effleure la tête du Sieur D'Azis »
Décoration refusée.

C comme Couperin, le rejeton
Gervais-François Couperin, organiste de Louis XVI, dernier représentant de la célèbre dynastie de compositeurs et organistes.
« Couperin, dernier rejetton d'une famille qui depuis 200 ans, a servi de père en fils les Bourbons, a l'honneur de se présenter à vous, pour obtenir votre bienveillance auprès du Roy, pour qu'il veuille l'honorer de la décoration de la Légion d'honneur.
Le premier des Couperins, comme fait foy le Dictionnaire des beaux arts, a été organiste de Louis treize et ils se sont succédés de père en fils, sous Louis quatorze, Louis quinze et Louis seize, cette succession n'a fini qu'à la révolution de 1789. Cette ditte succession est une chose unique dans les arts.
Il y a eu un Couperin qui a eu le cordon de Saint-Michel au commencement du règne de Louis quinze, comme on peut le juger d'après un tableau et une gravure de ce tems là. Les Couperins avaient l'honneur d'être si estimés à la Cour, que Louis quinze créa une charge de maitresse de musique des Enfans de France pour une demoiselle Couperin qui jouissait d'une grande réputation.
Voici, Monseigneur, les titres que le demandant, qui lui-même a été organiste de Louis seize en sa sainte chapelle de Paris, a l'honneur de mettre sous vos yeux, persuadé que ses désirs seront remplis si votre Excellence veut bien lui être favorable. »
Décoration refusée.

D comme Delalonde, le légaliste
Charles Alphonse Delalonde, secrétaire de l’Intendance du garde meuble de la couronne.
« Lorsque son altesse royale monseigneur le duc de Berry arriva en France en 1814, il passa par Rouen en se rendant à Paris. Je fus un des premiers jeunes gens de la ville qui s’enrôlèrent pour servir de gardes d’honneur à son altesse royale.
J’entrai peu de tems après dans les gardes du corps de son altesse royale Monsieur. Je suivis le Roi à Gand et ne rentrai qu’avec lui en France.
Nommé sous-lieutenant dans le 5e régiment de la garde royale, à sa formation, j’y servis jusqu’au mois de mars 1822, époque à laquelle je quittai l’état militaire pour me marier.
Admis alors dans l’Intendance du garde-meuble de la couronne, j’y occupe encore la place de secrétaire de l’Intendance.
Une ordonnance royale rendue pendant le séjour de sa majesté à Gand accordait une décoration à tous ceux qui avaient suivi le Roi dans cette ville. Cette ordonnance n’a point reçu son exécution mais les droits qu’elle semblait reconnaître sont restés les mêmes et ce sont eux que j’oserai faire valoir dans un moment où la bonté si connue du Roi peut faire espérer à ses fidèles serviteurs que l’époque de son sacre sera celle de leur récompense. »
Décoration refusée.

E comme Egvilly, le poète maudit
Armand Henri Boutet d'Egvilly, maître de l'hôtel du Roi.
« Je sers le Roi depuis 1786 en qualité de maître d'hôtel. J'ai succédé alors à mon père. Depuis la Restauration j'ai fait paraître dix ouvrages, presque tous en vers, et tous se rattachant à la cause royale. Le roi et votre altesse royale en ont agréé l'hommage.
Je suis le seul des serviteurs du Roi, dans mon grade et avec mes années de service, qui n'ait obtenu aucune décoration. Trois fois celle de la légion d'honneur me fut promise. À la dernière promotion, il en fut accordé deux pour le service de l'hôtel. Monsieur d'Hertelou et Monsieur le Comte de Rothe obtinrent l'une de celles que j'avais espéré.
Je supplie votre altesse royale de me faire accorder cette faveur à l'occasion du sacre de sa majesté. Je n'adresserai de demande au ministre de la maison du Roi que si votre altesse royale daigne me répondre qu'elle sera favorable à ma demande. »
Décoration accordée.

F comme Fresne, le fils du mort
Marquis de Fresne, écuyer ordinaire du Roi.
« Le marquis de Fresne [...] était de service le 10 août [1792] ; il suivit le Roi à l'assemblée et aux Feuillans et eut l'honneur d'être porté sur la liste des serviteurs fidèles que sa majesté avoit désigné à la commune de Paris pour l'accompagner et le servir dans sa captivité.
Le marquis de Fresne alla prendre les ordres de Manuel qui lui signifia pour toute réponse de quitter la capitale sous 24 heures. Il se réfugia chez le maire de Châtillon près Paris ; il y resta jusqu'à la catastrophe et est rentré ensuite dans ses foyers où il fut aussitôt privé de sa liberté qui ne lui fut rendue qu'après la mort de Robespierre.
Toute sa famille eut le même sort.
Pour récompenser ses bons et loyaux services, le Roi lui avoit accordé en 1791 une pension de 1 200 livres sur sa cassette et un logement pour lui et toute sa famille dans le pavillon Marsan. Cette dernière faveur lui a coûté à la journée du 10 août la perte de tout son mobilier et des inquiétudes sans nombre sur le sort de sa femme et de ses enfans qu'il avoit laissé au château des Thuilleries pour accompagner ses augustes maîtres.
Le marquis de Fresne est mort en 1801. [...] Je m'honore de n'avoir jamais dévié de la ligne que m'a tracé mon père : j'ai fait mon devoir dans toutes les circonstances et dans les plus difficiles. Je n'ai jamais fait aucune demande intéressée. »
Décoration accordée.

G comme Gibé, le notaire malheureux
Hubert-Antoine Gibé, notaire à Paris du 20 juin 1789 au 12 février 1808.
« Nommé par Sa Majesté Louis 16, son premier notaire ordinaire, j'ai fait seul tous les actes de la liste civile jusqu'au 10 août, et beaucoup d'autres travaux dont m'avoit chargé Monsieur de La Porte intendant général.
Conduit à l'abbaÿe comme notaire du Roi, j'ai échappé, comme par miracle, au massacre, le 2 septembre, après avoir été le malheureux témoin de la mort de monsieur le Comte de Montmorin, de Monsieur Thiérry, et de tant d'autres victimes.
Repris presqu'aussitôt, après avoir été dans trois autres prisons, j'ai été jugé par le tribunal du 17 août ; autant de la terreur, j'étois encore prisonnier. Je n'ai été libre qu'après la mort de Robespierre.
Les scellés et des gardiens ont été mis chez moi, plusieurs fois. Ces événements m'ont occasionné des pertes irréparables. [...]
J'ai été nommé maire, le 14 août 1815, de la commune de Saint-Jean sur Indre, département d'Indre-et-Loire.
Je serais heureux, Sire, de voir ma vieillesse honorée d'un témoignage de l'extrême bienveillance de Votre Majesté, par la décoration de la Légion d'honneur, si Elle jugeait que je pusse la mériter. »
Décoration refusée.

H comme Herold, le sauveur des arts
Louis Joseph Ferdinand Herold, compositeur de musique.
« Vous parlerai-je aussi, Monseigneur, d'un voyage presque forcé que j'ai entrepris et terminai heureusement en 1821 dans un moment où les passages étaient fort difficiles en Italie à cause de la guerre de cette époque ; moment où notre théâtre italien était dans un état déplorable par la maladie de Madame Fodor.
Veuillez vous rappeler Monseigneur, que les engagements que j'ai faits à cette époque ont contribué puissamment aux grands succès de ce théâtre ; que j'ai parcouru en quatre mois l'Italie en tous sens, et une partie de l'Allemagne ; que j'ai donné à Monsieur Viotti, alors directeur, des renseignements très étendus et que presque tous les sujets qui forment maintenant la troupe italienne ont été ou engagés ou proposés par moi, et que même dans les engagement que j'ai signés, l'économie la plus stricte a été observée, ce qu'on a pas eu l'art d'imiter depuis ; mais ceci sort de la question (et me conduirait à un sujet qui mériterait un examen tout particulier de développement qu'on ne pourrait mettre sous vos yeux, Monseigneur, que dans le cas où, voyant l'état de langueur où se perd tout doucement certain grand théâtre, votre excellence voudrais remédier efficacement au mal). »
Décoration accordée.

I comme d'Isy, le moralisateur de l'opéra-comique
Présenté par le Duc d'Aumont.
« Depuis le mois d'octobre 1821 jusqu'au mois d'avril 1824, Monsieur d'Isy a rempli les fonctions de commissaire du roi près la société du théâtre royal de l'opéra-comique.
C'est par ses soins que ce théâtre a été peu à peu dégagé des vices nombreux qui entravaient son administration, et que l'on est parvenu à lui donner la seule organisation qui convienne à l'établissement dramatique c'est-à-dire la direction qui le régit aujourd'hui. Mais ce changement essentiel d'administration auquel Monsieur d'Isy travailla de tout son pouvoir, en faisant abnégation de lui-même dut lui faire preuve de perdre son emploi puisque la nomination de directeur entraîner la suppression du commissaire du roi.
Le marquis de Lauriston qui a su apprécier sa conduite et sa position, s'occupait de lui procurer un juste dédommagement et n'avait pas encore pu mettre à exécution ses bonnes dispositions. En attendant il se disposait à statuer sur une proposition qui lui a été faite par feu le duc de La Châtre, en faveur de Monsieur d'Isy, à l'effet de lui faire obtenir la décoration de la Légion d'honneur en sa qualité d'inspecteur des fêtes de la cour, place qu'ils occupent à la chambre du roi. »
Décoration refusée.

J comme Janvier, le maître des horloges
Antide Janvier, astronome et maître horloger français.
« "À l'exposition de 1806, Monsieur Janvier obtint une médaille d'or. En reconnaissant qu'il est de plus en plus digne de cette récompense, le jury croirait ne lui avoir rendu justice qu'à moitié, s'il n'ajoutait pas que, par son influence et par ses conseils désintéressés, Monsieur Janvier vend journellement des services signalés à ces jeunes émules. Personne n'est plus érudit que lui : en traduisant les ouvrages des plus grands maîtres, il a fourni aux horlogers peu versés dans la connaissance des langues anciennes les moyens d'étudier ses ouvrages ; il calcule la denture des rouages pour tous ceux à qui les mathématiques ne sont pas familières ; il est le conseil et l'appui de tous les jeunes artistes doués de quelques talents et, ce qui n'est pas moins utile, leur censeur sévère quand ils s'égarent. Le jury pense que personne n'a plus contribué que Monsieur Janvier à porter l'horlogerie française à l'état de prospérité où elle est actuellement parvenue."
Tel est le jugement porté, sur mon compte, par le jury central sur les produits de l'industrie française, sous la présidence de votre Excellence, en 1823.
En travaillant ainsi durant soixante années de ma vie à l'avancement d'un art que j'ai cultivé par goût, je n'ai pas eu le temps de songer à ma fortune ; mais pourrais-je être traité d'ambitieux, et passer pour tel à vos yeux, Monseigneur, en appelant votre attention, sur un vieillard laborieux, chargé de soixante et quatorze ans.
[...]
Je vois beaucoup de nominations à la Légion d'honneur faites sur la présentation de votre excellence Ferdinand Berthoud, Bréguet et autres ont porté cette décoration à laquelle j'attache d'autant plus d'importance que je ne l'a devrais ni à l'importunité ni à d'autre protection que celle qu'accorde un ministre éclairé aux arts et à ceux qui font tout pour leurs progrès. »
Décoration refusée.

K comme Klein, et les autres...
Le 6 janvier 1817, Auguste du Vergier de La Rochejaquelein, colonel du 1er régiment de grenadiers à cheval de la garde royale écrit à Jules Jean-Baptiste François de Chardeboeuf, comte de Pradel, directeur général du ministère de la Maison du roi, pour demander la Légion en faveur de 11 grenadiers :
- Leroy, sous-brigadier honoraire de l'ancienne compagnie des grenadiers à cheval ;
- Deschodt, artiste vétérinaire ;
- Lallemand, Klein, Dressen, Dumay, Minot, Cannone, Buschaert, Feresse et Vieillard, grenadiers.
Malheureusement, sa lettre collective ne repose sur aucun inventaire de leurs mérites et les grenadiers qui « attendent depuis si longtemps » ne seront jamais décorés...

L comme Laneuville, le confident
Martial Louis Michel de Laneuville, vérificateur des domaines du Roi dans la généralité de Bourgogne en résidence à Charolles.
« J'ai eu le bonheur de devenir utile à un prince de l'auguste famille régnante (Louis François Joseph Bourbon-Conty) pendant son exil à Autun, en 1794. J'avais alors à ma disposition une maison décemment meublée ; il daigna l'accepter et recevoir de mes mains tout ce que le dévouement le plus pur et le plus respectueux pouvait lui offrir.
Son altesse sérénissime m'imposa la douce obligation de lui présenter un hommage tous les jours : elle contracta elle-même l'habitude d'honorer mon humble manoir de son auguste présence et de verser dans mon coeur, toujours fidèle aux Bourbons, ses peines et ses chagrins.
Malheureux des malheurs de l'illustre proscrit, je n'éprouvais d'autre jouissance que celle de les adoucir. Treize mois s'étoient ainsi écoulés, lorsque son altesse sérénissime fut rendue à la liberté : elle daigna me conserver des souvenirs flatteurs et m'en donner la preuve par des lettres que je regarde comme le trésor le plus précieux. »
Décoration refusée.

M comme Mennechet, le lecteur recommandé
Édouard Mennechet, secrétaire de la chambre du roi, lecteur de Louis XVIII et Charles X.
Il ne fallut pas moins que la mobilisation de 4 ducs-pairs de France pour demander que la Légion d'honneur lui soit accordée :
- Pierre-Jean-Casimir de Blacas d'Aulps (1771-1839), duc de Blacas ;
- Louis-Marie-Céleste d'Aumont (1762-1831), duc d'Aumont ;
- Amédée-Malo de Durfort (1771-1838), duc de Duras ;
- Claude-Louis de La Châtre (1745-1824), duc de La Châtre.
« Monsieur le Maréchal, nous nous réunissons pour vous prier de bien vouloir comprendre, dans le travail de décoration de la Légion d'honneur, qui doit avoir lieu au 25 août, Monsieur Mennechet, lecteur du roi, chef du bureau de la chambre, qui a constamment justifié, depuis 1815, la confiance que nous lui avons accordée. Ayant toujours eu à nous louer de ses services, nous serions fort aises de lui obtenir une récompense qu'il a méritée.
Monsieur Mennechet joint quelques titres littéraires à ceux qu'il s'est acquis par son zèle et son dévouement pour le service du Roi. Il a remporté deux fois le prix de poésie à l'Académie française. Il est auteur d'une comédie jouée avec succès au théâtre français, et d'un recueil de poésie honoré du plus auguste suffrage.
Nous désirons, Monsieur le Maréchal, que ces considérations vous déterminent à accueillir favorablement la demande que nous formons pour Monsieur Mennechet Nous attachons beaucoup de prix à ce que cette grâce, dont nous le croyons digne, soit accordée ; et nous vous en serons très reconnaissant. »
Les 4 signataires furent entendus, la décoration fut accordée.

N comme Neveu Levallois, le maître-chanteur
Il s'agit peut-être du Neveu Levallois, propriétaire parisien auteur d'une lithographie intitulée « Je te dompterai ».
« Votre désir à m'obliger m'est connu, Monsieur le Comte, vous m'en avez donné des preuves. Je vous en remercie très humblement. Il me reste encore une chose à réclamer près de vous, ayant défendu constamment la cause des Bourbons, exposé à être taillé en pièces, soutenu un combat corps à corps en refusant de prêter le serment de haine à la Royauté.
Je suis jaloux de porter un signe (la décoration d'honneur) qui rappelle à tout français son devoir envers son légitime souverain, et j'ai à cet effet fait des réclamations qui comme j'ai lieu de le penser, seront soumises à votre décision.
Il importe à mon honneur, à celui de mes enfans et à leur intérêt même que je sois honoré de la décoration. Ils pourront plus facilement obtenir un emploi.
Je vous supplie donc, Monsieur le Comte de vouloir bien m'être favorable, et de vous ressouvenir que je suis recommandé à la bienveillance de Sa Majesté par mon département et divers grands personnages. »
Décoration refusée

O comme Offand, le persécuté
Thomas Offand, chirurgien natif de Sorgues, dans le Vaucluse.
« J'ai l'honneur d'exposer très respectueusement à votre excellence que dans le temps de l'anarchie j'ai été persécuté, perdu ma fortune, ranfermé dans les cachot d'Avignon, d'où je me suis échapé pour aller joindre les Bourbons nos légitimes souverains à Istembac en Palatina où je fus placé par Monsieur Alloë Philibert et Guérin en qualité de chirurgien aide major à l'armée du prince de Condé, où j'ai resté jusqu'à l'époque de son lissanciement.
J'ai eu l'honneur dans cette expace de temps d'acoucher Madame de Courtemanche et de traiter des officier donc je vous envoit l'attestation.
J'ai eu l'avantage de présenter une suplique et de complimanter Son Altesse Royale le Comte d'Artois et son altesse Monsieur le duc d'Angoulême sur leur entrée en France, lors de leurs passages à Sorgues. »
Décoration refusée

P comme Pomaret, l'héritier infortuné
Pomaret, inspecteur général du service de la maison du roi, originaire de Lyon.
« Ma famille s'est fait connaître par son profond dévouement à l'auguste race des Bourbons ; en 1789, lorsque Monsieur Necker proposa un emprunt patriotique, qui consistait à prêter à l'État le quart de son revenu, mon père souscrivit à l'instant, pour lui et ses fils, pour une somme d'environ quarante mille francs. Si son exemple avait eu plus d'imitateurs la France eut peut-être été sauvée. L'égoïsme tarit alors toutes les bourses.
Au siège de Lyon mes deux frères combattaient vaillamment dans l'armée de Précy ; tous deux furent immolés des premiers après la reddition de la place ; le plus jeune, qui n'avait pas atteint sa dix-septième année, est condamné, dans son odieux jugement comme "royaliste prématuré" !
Comme Lyonnais, comme frère et complice des ennemis de la révolution, je fus arrêté à Paris : cette arrestation dura dix mois, au milieu des plus grands périls, il ne cessa qu'après le 9 thermidor.
Parlerai-je du renversement d'une très grande fortune, causé par le siège de Lyon, par la banque de l'État, par l'injuste, l'arbitraire liquidation de Monsieur de Fermont ? Non ; des pertes d'argent ne suffisent pas pour aspirer aux récompenses de l'honneur. Je ne me ferai pas même un mérite d'avoir rejeté le seul moyen qui était offert aux créanciers de l'État de sauver leurs créances, celui de les convertir en biens nationaux, parce que dans ce sacrifice je n'ai été que conséquent à mon opinion.
Mais je dirai, si mes malheureux frères, si mon honorable père, avaient survécu à nos désastres, leur refuserait-on cette reconnaissance de leur fidélité ?
Complice de leur dévouement, héritier de tout leurs revers, ne le suis-je pas aussi d'une partie de leurs droits ? Ne puis-je trouver maintenant dans ce triste héritage des titres pour réclamer une décoration qui désigne à l'opinion celui qui resta seul d'une famille, dévouée dans tous les tems à ses souverains légitimes et révérés ? »
Décoration accordée

Q comme Queffemme, l'homme sans épée
François Queffemme, Suisse au régiment d'Eptingen.
« Permettez au dénommé Queffemme, âgé de 64 ans, natif de Marvillard, département du Haut-Rhin (aujourd'hui Morvillars, Territoiore de Belfort), l'un des Suisses des appartemens ; d'oser venir très humblement déposer au pied de votre auguste majesté, sa respectueuse réclamation.
[...]
Le 20 juin 92, son épée lui fut arraché par les Marseillais, au Salon de la Paix, en présence du Roi. Aussitôt Sa Majesté fit demander Monsieur Hue, si elle lui avait été rendue. Ce serviteur répondit qu'elle ne savait pas que le Roi s'en fusse aperçu.
Le Roi donna ordre à Monsieur Hue d'aller avec lui, en acheter une autre telle qu'il a désirerais. Il a eu l'honneur de porter cette épée jusqu'au 10 août ; Il la laissa dans sa chambre pour prendre un sabre, dont il fit bon usage. Il empêcha deux hommes dans la Cour Royale de faire feu sur Monsieur Boucheman et sur un valet de chambre garde robe du Roi. Ce dernier n'a pu échapper à son malheureux sort, il fut tué, rue de l'Échelle ; 9500 Fr. lui furent pris, avec son épée, dans sa chambre, sous la chapelle ; c'était tout ce qu'il possédait ; son épée lui fit plus de peine que son argent, puisqu'il l'avait reçu de son Roi.
Si, d'après cet exposé fidèle ; cet ancien serviteur n'a pas craint d'exposer mille fois sa vie, en défendant l'auguste famille des Bourbons. Il supplie Votre Majesté, de lui accorder la décoration de l'ordre Royal de la Légion d'honneur, il se croit digne de porter ce signe honorable sur son sein. »
Décoration refusée

R comme Roger, le flatteur modeste
M. Roger, curé de Vincennes.
« Le curé de Vincennes, de concert avec les autorités du canton, sollicite très humblement auprès de Votre Majesté, dont les traits de grandeur, de justice et de générosité sont gravés dans le coeur de tous les Français, l'ordre de la Légion d'honneur.
Le suppliant sorti de France à la fin de 1791.
Aumônier à l'armée de Monseigneur le duc de Bourbon, jusqu'au licenciement, membre de plusieurs établissements de bienfaisance, en Italie et en Allemagne en faveur des malheureuses familles immigrées, rendu à sa patrie après vingt un ans d'exil, nommé à la cure de Vincennes depuis 18 mois, ayant sauvé dans les derniers événements (1814) la fortune et la vie à plusieurs de ses paroissiens, exposé ses propres jours, enlevant pendant l'explosion les corps morts restés au milieu des rues de Vincennes ou aux environs, de même qu'en volant au secours de quiconque étoit menacé par les indisciplinés dont il connaissait les moeurs et le langage, le premier qui ait contribué à faire cesser les hostilités entre les troupes alliées et le gouvernement du château, fondateur d'une école gratuite pour les enfants indigens, décoré de la fleur de lys, auteur de plusieurs ouvrages qui constate la pureté de ses principes ;
Voilà le sujet qui ose mettre son humble demande au pied du trône du plus parfait des monarques Louis XVIII où siègent toutes les vertus de Saint-Louis, pénétré des sentiments du plus profond respect avec lesquels il ne cessera d'être, Sire, de votre Majesté, le très humble et très fidèle sujet. »
Décoration refusée

S comme Schunck, le brocanteur des coeurs
Philippe-Henri Schunck, bourgeois de Paris, compositeur, brocanteur...
« J'apprends par les journaux que votre Excellence a remis les coeurs des rois Louis XIII et Louis XIV à Monseigneur le Grand Aumônier, pour être renfermés à Saint-Denis avec les restes précieux de plusieurs de nos Rois.
La découverte de ces coeurs a été faite par moi et je les ai déposés dans les mains de Monsieur le Comte de Pradel, fesant alors les fonctions de Ministre de la Maison du Roi.
Je vous supplie, Monseigneur, de vouloir bien prendre connaissance des pièces jointes à ce mémoire elles vous convaincront de la vérité. Vous verrez aussi que j'ai refusé alors, toutes les offres de présens qui m'ont été faites par Monsieur le Comte de Pradel.
Plus tard j'ai demandé la Croix de la Légion d'honneur croyant y avoir quelques droits.
Je me suis vainement adressé plusieurs fois à Monsieur le Marquis de Lauriston ; j'ai été repoussé par les bureaux et fatigué de faire des demandes inutiles, j'ai retiré mes pièces, attendant l'occasion de mettre sous les yeux de votre Excellence une demande qui peut obtenir justice sous un Ministre ami du trône et de la religion. »
Décoration accordée

T comme Tardieu, le père universel
Jean-Charles Tardieu, dit Tardieu-Cochin, peintre d'histoire, portraitiste et paysagiste.
Sa demande s'oriente sur deux axes de "paternité" : ses 9 filles et l'ensemble de ses tableaux.
« Si votre excellence daigne juger que le talent, le courage et les sentiments de ce père de neuf enfans lui donnent des titres à la Croix d'honneur, elle me comblera en accordant à cet Artiste profondément reconnaissant une faveur dont il a toujours ambitionné de se rendre digne et qui dans les travaux honorables et nombreux dont il est chargé sera pour lui un encouragement inappréciable comme aussi l'expectative d'un grand bien-être ayant tant de filles !
[...]
Note des tableaux de Charles Tardieu acquis depuis la restauration par le ministère de la maison du Roi.
- La Rosière de Mittow
- Un jeune homme entre le vice et la vertu
- Une scène du marché des innocens
- Jean Bart à Versailles
- Conversion du Duc de Joyeuse
- Suzanne au bain
- Clio traçant les bienfaits du règne de Louis XVIII
- Trait de clémence de Louis XII
- Une famille de centaures
- La mort du Corrège »
Décoration refusée

Unis comme Théaulon et Dartois, les dramaturges
C'est Jean-Mathieu Théaulon, avocat, qui demande la Légion d'honneur pour son fils Emmanuel Théaulon, dramaturge.
Une demande très particulière puisqu'elle unit celui-ci en un couple artistique indissociable avec Achille d'Artois qui avait obtenu quelques temps plus tôt la décoration.
« Messieurs Théaulon et Dartois, unis depuis leur enfance par les liens d'une étroite amitié, n'ont eu jusqu'à ce jour qu'une même pensée ; et ce servant mutuellement d'appui, ils ont constamment marché dans le sentier du devoir et de l'honneur.
Depuis le mois d'avril de l'année 1814 ils ont fait en société dix ouvrages dramatiques de circonstances, où le zèle leur a tenu lieu de talent, sans doute ; mais qui fournissent encore à Paris et dans les provinces de fréquentes occasions aux bons Français de montrer les sentimens d'amour qu'ils ont pour leur Roi.
Après les funestes événemens du mois de mars de l'année dernière, Messieurs Théaulon et Dartois se rendirent à Gand auprès du Roi, Monsieur Dartois en sa qualité de garde du corps, et Monsieur Théaulon comme simple volontaire royal.
Depuis le retour, ils ont fait ensemble "Le Roi et la Ligue", "Le Prince chéri", "Les Chansonniers", et "Charles de France" : ouvrages inspirés par le royalisme le plus pur et qui ont mérités les plus augustes suffrages.
Ce fut à la suite d'une représentation du "Roi et la Ligue", honoré de la présence de Sa Majesté, que Monsieur Dartois obtint la décoration de la Légion d'honneur.
Monsieur Dartois par ses ouvrages, ses sentimens et ses actions, ayant mérité cette distinction, je la réclame pour Monsieur Théaulon mon fils, dont les ouvrages, les sentimens et les actions ont toujours été les mêmes que ceux de Monsieur Dartois. Ces jeunes gens mais ce sont jamais quittés. »
Décoration accordée

V comme de Valois, le logorrhéique
Monsieur de Valois, capitaine en retraite.
« C'est encore avec le coeur rempli de cette noble et vive reconnoissance envers vous, pour vos bontés vraiment paternelles, que vous avez daigné avoir pour moi, que je m'estime heureux de m'en être trouvé digne, que j'ose avec confiance prendre de nouveau la liberté de vous faire connoître un de mes plus chers désirs, que je ne doute nullement que vous voudrez bien appuyer auprès de sa majesté, qui est d'obtenir dans ces heureux jours de bonheur pour la France la décoration de l'ordre royal de la Légion d'honneur ayant à coeur, que d'en être décoré que par le Roi, mon souverain légitime, Louis, le Désiré, ayant eu l'honneur d'être au service militaire de Louis Seize.
Ayant occupé une place de secrétaire chez Monsieur Ami Docelle mon oncle maternel, qui étoit directeur du domaine du Comte d'Artois, son auguste frère, ayant mon autre oncle Ami son frère âgé de 81 ans qui a suivi son altesse royale Madame la comtesse d'Artois, qui en ce moment est médecin consultant du roi, et médecin de son altesse royale le duc de Berry.
Ce sont mes moindres titres auprès de vous Monseigneur. Mais qui mieux que vous est à même de connoître, si je suis réellement digne de cette honorable décoration, donnée par notre auguste Souverain, puisque vous avez eu entre vos mains les pièces de cette même conduite envers sa majesté et son auguste famille, de dévouement et fidélité bien reconnue de vous Monseigneur, puisque c'est vous-même qui l'avez fait connaître à Sa Majesté et que d'après vous elle m'a honoré d'une pension annuelle sur sa liste civile. »
Décoration refusée

W comme Weber, le frère de lait
Joseph Weber, auteur des mémoires « concernant Marie-Antoinette, archiduchesse d'Autriche et reine de France et de Navarre ».
C'est Trophime-Gérard, comte de Lally, baron de Tollendal, puis marquis de Lally-Tollendal, plus connu sous le nom Gérard de Lally-Tollendal, homme politique et homme de lettres français, qui appuie sa demande.
« Ayez pitié de ce pauvre chevalier Weber dont vous connaissez le gros bon et loyal coeur ; qui a eu l'honneur d'être frère de lait de l'infortunée reine Marie-Antoinette ; qui lui a toujours été dévoué ainsi qu'au Saint Roi ; qui l'est aujourd'hui à leur mémoire ; qui s'est ruiné, je crois, en impressions, portraits, gravures pour déposer sur leurs tombeaux en hommage au quel du moins il avait mis son nom et son zèle ; qui a reçu des présents de plusieurs Princes Souverains, notamment une superbe boëte et un beau portrait Prince Régent d'Angleterre, et qui est homme à mourir de douleur, si le Roi de France ne daigne pas l'honorer au moins du ruban de la légion pour le mettre à côté du ruban de l'Autriche.
En conséquence ce ruban ne serait pas mal placé. Faites-vous montre par Weber tout ce qu'il a de portraits, de médaillons de cette auguste & infortunée génération de Princes. Le portrait de la Reine, de celui de Madame la duchesse d'Angoulême sont ce que j'ai vu de plus beau en ce genre. »
Décoration refusée

X comme l'anonyme calomniateur
Le 20 mars 1815, Charles-Gaspard Delestre-Poirson, auteur dramatique et directeur de théâtre, écrit à Jules Jean-Baptiste François de Chardeboeuf, comte de Pradel, directeur général du ministère de la Maison du roi, pour signaler l'infamie dont son père est la victime à propos de la Légion d'honneur qu'il avait reçu.
« Mon père, Monsieur Poirson, géographe connu et qui a dernièrement cédé à la couronne un globe fruit de ses travaux bien longs et qui supposent un talent distingué, a été victime d'une noirceur infâme dont sa modestie, sa vie retirée et entièrement consacrée au travail aurait du le garantir. Il reçut le 13 mars 1815, sept jours avant l'interrègne, la lettre en vertu de laquelle il porta la décoration de la Légion d'honneur dont il a formé la demande, deux mois auparavant auprès de votre prédécesseur.
Au retour du roi mon père reprit la décoration qu'il avait quitté pendant l'interrègne et la porta jusqu'au 20 août 1816, époque où il reçut la lettre anonyme ci-jointe.
Après s'être assuré dans les bureaux de la Légion d'honneur qu'il avait été induit en erreur, mon père quitta sur le champ la décoration qu'il avait déclarée à la mairie de son arrondissement le six du même mois.
Depuis ce temps mon père languit accablé de chagrin, n'osant sortir de chez lui et toute sa famille craint que la douleur qui le mine sourdement ne finisse par l'enlever. S'il n'y avait rien de fâcheux à ne pas avoir la décoration, il est terrible pour un homme d'honneur de la quitter après l'avoir portée et d'avouer hautement qu'il a été joué. »
En effet, Jean-Baptiste Poirson, ingénieur géographe, avait reçu un accord de principe pour porter la Légion d'honneur mais le brevet ne lui en a jamais été délibéré en raison des circonstances politiques.
C'est pourquoi un ennemi anonyme le calomnia par une lettre anonyme...
Malgré l'intercession de son fils, Poirson ne fut néanmoins pas « réhabilité ».

Y comme Ysopet, l'oeuvre de Roze
Quand il demande à recevoir la Légion d'honneur, Frédéric Roze, ex aide de camp, ex maire de Saintes et ancien chef des bureaux de l'Ingénieur en chef des ponts et chaussées du département de la Charente inférieure, insère dans son dossier une oeuvre poétique dont il est l'auteur. La morale de son ysopet pourrait être empruntée à Jean de La Fontaine : "Tout flatteur vit aux dépends de celui qui l'écoute."
« Mes premiers droits à la justice
De votre Majesté,
Sont, en divers emplois, quarante ans de service,
Tous marqués par l'honneur et la fidélité.
En outre, le premier, je vous ai donné, Sire,
(Qu'il est cher à mon coeur, l'orgueil de vous le dire !)
Le surnom qui, d'un trait, peint d'un Roi vénéré
Les vertus, les malheurs, et l'amour qu'il inspire :
C'est le surnom de Désiré.
À vos bontés tels sont mes titres.
Ils ont eu de Madame, aussi de deux ministres,
Un favorable accueil pour croix et pension
De ce double bienfait j'attends l'obtention.
Un français, qui toujours vécut fidèle et sage,
Du digne fils d'Henri peut-il l'attendre en vain,
Quand il y a, Sire, l'avantage
D'être votre second parrain. »
Décoration refusée

Z comme Simon le Zircon
Jean-Henri Simon, graveur en pierres fines et médailleur bruxellois.
Sa demande est un diamant brut...
« À l'époque fatale du 20 mars 1815, je fus assez heureux en exposant ma vie pour sauver deux pièces de canon et deux caissons chargés, destinés aux volontaires royaux, dont les fédérés armés voulaient s'emparer.
Comme l'un des premiers dans l'art de la gravure en pierres fines, je crois avoir quelques droits à la décoration de la Légion d'honneur qui fut demandée pour moi par Monsieur le Duc de Dumas Monsieur le Comte de Chabrol, préfet de la Seine, Monsieur le Vicomte Pinon mon colonel et par son excellence Monseigneur le Ministre de la guerre qui vient encore aujourd'hui appuyer la demande que je prends la liberté de faire à Votre Excellence de la décoration de la Légion d'honneur.
J'ose espérer, Monseigneur, que vous daignerez acquiescer à ma supplique et agréer l'expression de ma profonde gratitude. »
Décoration refusée